Lorsqu’on parle de développement durable en entreprise, il est, la plupart du temps, question d’une démarche qui mène l’entreprise à se transformer, à améliorer ses pratiques d’affaires pour qu’elles soient davantage responsables. Pour le Café Cambio, cependant, ce n’est pas un virage que l’organisation a pris en cours de route ou un changement amorcé pour répondre à certaines attentes de leur clientèle.

En rencontrant la présidente, Johanne Morin, et la coordonnatrice administrative, Stéphanie Duval, du Café Cambio, j’ai été impressionnée de constater que pour cette coop de travail, le développement durable était plutôt dans leur ADN, intégré à leur modèle d’affaires. Bâti sur des valeurs calquées sur les grands enjeux du développement durable, le Café Cambio a su faire sa place sur la rue Racine à Chicoutimi depuis plus de 15 ans déjà.

Un investissement de temps et d’argent

Questionnée sur leurs pratiques de développement durable et ce que ça implique pour le café, Johanne Morin répond de but en blanc : « Ce n’est pas facile le développement durable! Ça prend une réelle volonté de faire différemment. On doit se questionner constamment afin de s’assurer que nos choix sont les meilleurs, ceux qui respecteront le plus nos valeurs. C’est aussi de devoir changer certaines choses ce qui peut décevoir. Par exemple, dans la dernière année, nous avons changé les fruits accompagnant notre assiette de gaufres pour une compote de pommes faites maison. Ça faisait un bon moment qu’on voulait le faire puisque les fruits ne respectaient pas nos valeurs d’achat local et de respect de l’environnement parce qu’ils étaient importés d’un autre pays. Ça n’a pas plu à certains clients mais quand on explique pourquoi on l’a fait, les gens comprennent et apprécient. Ces petits gestes, mis ensemble, demandent de la réflexion, de la planification et un investissement de temps et d’argent. »

Les relations avec leurs fournisseurs

Peut-être en raison du choix de leur nom, qui signifie changement en espagnol, l’équipe du Café Cambio réfléchit constamment à ses actions en intégrant de bonnes pratiques de développement durable. C’est pourquoi, le choix de leurs fournisseurs se fait en fonction de différents critères en lien avec leurs pratiques d’affaires écoresponsables.


Outre la proximité dans leurs critères de choix de fournisseurs, entretenir une relation stable dans le temps est une priorité : « La stabilité est vraiment importante pour nous. On est conscient qu’on fait partie de leurs revenus alors avant d’aller vers un autre fournisseur pour de nouveaux produits, on regardera les possibilités avec nos partenaires actuels », relate madame Morin. D’ailleurs, en souhaitant réduire la quantité de carton destiné au recyclage, le café a pu, une fois de plus, prouver que de travailler en collaboration avec ses fournisseurs est un gage de réussite. « On a travaillé de très près avec nos fournisseurs pour mettre en place un système de consigne sur des boîtes de transport réutilisables. On aurait pu simplement se tourner vers de nouveaux fournisseurs offrant déjà cette façon de procéder, au lieu de quoi, nous avons accompagné nos partenaires dans l’adoption de ce type de système. » poursuit-elle.

Autres initiatives inspirantes, tous les produits achetés sont locaux ou régionaux, à l’exception du café qui provient du Sud. Pour ce dernier, les relations sont directes avec les producteurs qui sont tous certifiés équitable et biologique. Dans l’exemple du Café Cambio, on se rend compte qu’opérer dans avec des objectifs de développement durable est une mission collective où chacun peut faire sa part en accompagnant ses partenaires d’affaires dans cette démarche de transition.

Relation avec ses clients

La communication est au cœur de la relation que le Café Cambio entretient avec sa clientèle. Dans un souci de transparence, madame Morin explique que l’équipe du café s’emploie également à informer ses clients. Elle donne l’exemple d’un café pour emporter où il sera spécifié au client lors de sa commande : « Le verre de votre café est un contenant compostable. ».

On peut se poser la question « Comment le Café Cambio peut continuer à offrir les mêmes standards de qualité en demeurant écoresponsable et compétitif? » Là-dessus, Johanne Morin répond que « les pratiques de développement durable peuvent effectivement avoir un impact sur la profitabilité économique. Notre pari : lorsqu’on fait moins de profit, par exemple pour rester compétitif dans le marché, on se dit que notre bénéfice peut aussi être social ou environnemental, que ce sont nos enfants qui en profiteront plus tard. »

À la lumière de l’exemple du Café Cambio, on comprend que les pratiques de développement durable sont propres à chaque réalité d’entreprise et ne se créent pas du jour au lendemain. Il faut une réelle volonté de se questionner et de revoir ses façons de faire pour s’assurer qu’elles répondent à des standards environnemental, social, économique et de bonne gouvernance, et ce, en tout temps. Comme on dit, Rome ne s’est pas construit en un jour!

Cet article fait suite au webinaire « Comment répondre aux attentes écoresponsables des consommateurs? La recette du Café Cambio » du 25 novembre 2020. L’enregistrement de ce webinaire est disponible sur la chaîne Youtube du CQDD.