Représentant 10 % du PIB mondial, avant la COVID-19, l’industrie touristique était, et sera encore, un moteur économique important pour plusieurs pays. Comme plusieurs secteurs d’activité, cette industrie subit les pressions des marchés, et surtout, de la clientèle qui accorde davantage d’importance au développement durable dans leurs choix de destinations et d’attraits lors de leurs vacances.

C’est pourquoi on entend de plus en plus les termes tourisme durable ou tourisme responsable. D’ailleurs, le développement durable en entreprise est un des sujets le plus discuté dans le milieu touristique depuis les dernières années. C’est ce que Gilles Simard, directeur du créneau d’excellence Tourisme d’aventure et écotourisme, me disait lors d’une conversation que nous avons eue sur l’intégration des pratiques de développement durable dans la planification et les actions de son organisation.

Question : De quelle façon le développement durable s’est immiscé dans le tourisme, plus particulièrement, dans le tourisme d’aventure?

Réponse : Il y a dix ans, le développement durable était perçu plus comme une approche visionnaire et innovante pour le tourisme en général, mais depuis les cinq dernières années, c’est devenu essentiel en raison des demandes des touristes pour ce type de produits. Pour le créneau, le développement durable a toujours été au cœur de ses actions, probablement parce qu’en tourisme d’aventure et en écotourisme, la nature est la ressource première. Maintenant, on l’intègre de façon plus structurée et organisée, contrairement à avant, où c’était plus intuitif.

Q : Pourquoi les entreprises, desservies par le créneau, devraient adopter des pratiques de développement durable, selon toi?

R : Tout d’abord pour préserver leur ressource principale : la nature! Il faut savoir que les entrepreneurs en tourisme d’aventure et en écotourisme ont des convictions personnelles très importantes reliées à la préservation de l’environnement et à la responsabilité sociale d’entreprise. S’ils sont entrepreneurs c’est avant tout pour créer de la richesse, exploiter la ressource de façon durable et vivre de leur passion.

Ensuite, parce que les consommateurs font du développement durable un critère de sélection de leur destination de vacances. D’ailleurs, en février dernier, le Gouvernement du Québec a dévoilé son Plan d’action pour un tourisme responsable et durable visant à soutenir l’industrie dans sa transformation pour, justement, répondre aux nouvelles exigences de la clientèle.

Q : Peux-tu me donner des exemples de changements qu’il est possible d’observer dans l’industrie?

R : Certainement! On a commencé à voir émerger des agences de voyage créant des circuits exclusivement composés d’entreprises engagées en développement durable pour répondre à la demande grandissante.

Il y a aussi le phénomène du « Flygskam », terme en suédois qu’on pourrait traduire par « honte de vol », qui pousse certaine personne à refuser de prendre l’avion à cause des impacts environnementaux que ça occasionne.

Q : Où on retrouve le développement durable dans la stratégie du créneau?

R : Comme je le disais au début de notre entrevue, le développement durable a toujours été au cœur des actions du créneau. Dans notre dernière planification stratégique, qui date de cette année, on avait prévu l’intégrer de façon transversale, plus intrinsèquement mais les entreprises souhaitaient qu’il soit plus présent, plus marqué. On l’a donc ajouté comme enjeu, malgré qu’on le retrouve d’une certaine manière dans presque tous les autres enjeux identifiés.

Il est aussi dans la vision du créneau qui va même plus loin en parlant d’un développement « régénérateur » : La qualité et la performance quatre-saisons des produits d’aventure et d’écotourisme, stimulées par la mobilisation et la culture collaborative des membres du créneau, contribueront à faire du Saguenay–Lac-Saint-Jean une destination touristique qui inspire et stimule l’épanouissement des communautés qui ont fait le choix d’un développement régénérateur, responsable et équilibré de leur milieu de vie.

Q : Comment le créneau agit pour influencer les entreprises en tourisme d’aventure et en écotourisme?

R : Par le passé, le créneau a incité les entreprises à suivre la formation-coaching, PME Durable 02, visant à accompagner les participants dans l’amorce d’une démarche de développement durable. Une cohorte exclusivement composée d’entreprises du secteur touristique avait aussi été mise sur pied.

Maintenant, le créneau s’assure qu’une majorité d’entreprises adopte des pratiques d’affaires écoresponsables. Il veut aussi amener les entreprises déjà sensibilisée à un niveau supérieur pour aller plus loin puisqu’elles ont déjà atteint un certain niveau de maturité dans ce domaine. On ne pense pas avoir des solutions toutes faites mais on veut créer des occasions pour que les entreprises puissent travailler en mode « innovation ouverte » pour qu’elles trouvent des idées et se développent.

Un ambassadeur, en plus d’un partenaire

Cette entrevue avec Gilles m’a confirmé, une fois de plus, que le créneau est un vecteur de changement important pour l’industrie touristique au Saguenay–Lac-Saint-Jean en stimulant l’adoption de pratiques de développement durable. À titre de partenaire de l’initiative PME Durable 02 dans la région, il joint ses efforts à ceux d’une communauté d’acteurs socioéconomiques régionaux convaincus que le développement durable est un outil incontournable pour amener les entreprises à être plus fortes, compétitives et résilientes.