« La mise en place de notre démarche de développement durable est un élément crucial pour la pérennité de notre bleuetière. Non seulement elle aura un impact pour la relève, mais elle nous permet de nous positionner sur le marché comme une entreprise responsable. On constate l’importance de ce positionnement quand on se penche sur les attentes des consommateurs à l’international, comme les Allemands et les Japonais, qui ont un intérêt très axé sur la dimension santé du bleuet. » C’est le bilan que trace M. Jean-Guy Brassard, président de la Bleuetière coopérative de Saint-Augustin, de l’engagement de l’entreprise dans une démarche de développement durable dans le cadre du projet Agriculture durable de Nutrinor.

Le diagnostic : des forces sur lesquelles miser

Fort de l’appui de son conseil d’administration, la Bleuetière coopérative de Saint-Augustin a amorcé sa démarche de développement durable à l’automne 2014. Épaulée par un conseiller en développement durable, l’entreprise s’est avant toute chose investie dans un diagnostic qui lui a fait prendre conscience que, si plusieurs aspects étaient à améliorer, certaines pratiques en place s’inscrivaient déjà dans la mouvance du développement durable.

En ce qui concerne la gestion, le diagnostic a permis de soulever un besoin de formaliser des éléments stratégiques tels que la définition de la mission, de la vision et des valeurs de l’entreprise. « Ça peut paraître évident, mais, dans une entreprise, les gestionnaires peuvent voir les choses de façon différente. Nous n’avions jamais pris le temps de nous asseoir pour en discuter et pour mettre ça sur papier  », illustre M. Brassard. Pour ces éléments stratégiques, la bleuetière a puisé dans les valeurs et les convictions de ses membres, mais s’est aussi basée sur les enjeux liés à l’environnement d’affaires : écologie, marché du bleuet national et international, développements technologiques, communauté, etc.

Si la coopérative était déjà gérée de façon rigoureuse, les administrateurs se sont cependant rendu compte qu’ils pouvaient s’améliorer quant à la gestion des achats, notamment par le biais de pratiques d’approvisionnement responsable : « Il n’y a pas que le prix qui compte : d’autres éléments entrent en ligne de compte et peuvent se traduire par des gains. Aujourd’hui, on y pense avant d’effectuer nos achats ».

La dimension de la santé et de la sécurité au travail est aussi apparue comme étant primordiale et qu’un nombre d’actions assez simples pouvaient être mises en œuvre, comme le port du casque pour les employés qui conduisent des véhicules au champ et l’ajout de bandes réflexives jaunes sur les charriots élévateurs.

Du point de vue environnemental, la bleuetière avait déjà consacré au fil des années des investissements matériels importants pour réduire la consommation d’eau, l’utilisation de produits phytosanitaires et le nombre de passages au champ, grâce à l’utilisation de GPS dans ce dernier cas. Une grande quantité de brise-vents était aussi en place et l’entreprise avait pour souci de préserver les bandes riveraines. Le diagnostic lui a toutefois permis de constater qu’elle pouvait améliorer sa consommation d’énergie et ainsi diminuer ses émissions de gaz à effet de serre.

De l’état des lieux à la prise en charge

À partir de ce diagnostic complet et suite à un exercice de priorisation, la bleuetière s’est attelée à élaborer un plan d’action décliné en cibles à atteindre dès la première année, en initiatives à mettre en pratique à moyen ou à long termes, de même qu’en activités à mener en continu. Au total, 23 actions de toutes envergures ont été identifiées. 

Toute cette démarche a été menée hors de la période de production, ce qui a permis d’y consacrer les énergies nécessaires. « Surtout, nous avons eu la chance d’intégrer une cohorte d’entreprises amorçant une démarche de développement durable. Nous avons pu être accompagnés pour nous renforcer, nous structurer et préparer l’avenir », conclut avec enthousiasme M. Brassard.